Pour un nouvel agenda du numérique au service de la transition écologique

A l’occasion de la sortie de « L’agenda pour un futur numérique et écologique », la Fing propose de changer de regard sur la place actuelle du numérique. Par Daniel Kaplan et Renaud Francou.

Lire l’intégralité dans Usbek & Rica, 17 avril 2019 >>

« La rencontre entre numérique et écologie est a priori difficile. L’écologie, construite en partie sur une critique de la croissance, se méfie des promesses d’innovations techniques. Elle met l’accent sur les impacts écologiques du numérique lui-même, tout en le considérant, pas tout à fait à tort, comme le symbole et l’outil de l’accélération des rythmes (de vie, d’innovation, d’obsolescence, etc.) et la mondialisation des flux (de matière, d’énergie, de déchets, etc.). De leur côté, les acteurs du numérique ont une perception d’eux-mêmes marquée par l’immatérialité et l’efficience, qui les amène parfois à se considérer écologiques par nature. Portés par une dynamique d’innovation permanente, ils voient d’abord les opportunités, et plus tard les risques.

L’agenda pour un futur numérique et écologique

« Si vus de haut, numérique et écologie demeurent encore trop éloignés, sur le terrain, le lien entre les deux s’enrichit : collectifs de citoyens-capteurs de la pollution de l’air ; passionnés de la faune et de la flore qui produisent et partagent des données sur la pollution de l’air ou les mouvements migratoires d’animaux ; initiatives fondées sur la culture open source pour fabriquer à plusieurs mains des machines agricoles, des véhicules propres ou des habitats auto-suffisants ; concepteurs de plateformes de partage ou d’échange d’objets, de véhicules ou de maisons, initiatives d’économie circulaire, réseaux alternatifs de production-distribution d’énergie ou alimentaire…

« En 2015, la Fing et un grand nombre d’acteurs (parmi lesquels l’ADEME, l’Iddri, Inria, GreenIT.fr, le Conseil National du Numérique, la communauté Explor’ables),  lançaient cette provocation, qui allait donner naissance à la dynamique Transitions : « La transition écologique est l’horizon indispensable de nos sociétés, la transition numérique la grande force transformatrice de notre époque. La première connaît sa destination mais peine à dessiner son chemin ; la seconde est notre quotidien, une force permanente de changement mais qui ne poursuit pas d’objectif collectif particulier. L’une a le but, l’autre le chemin : chacune des deux transitions a besoin de l’autre !  Et pourtant leurs acteurs évoluent trop souvent dans des sphères séparées, sans réaliser la puissance transformatrice qu’aurait leur convergence. (…) »

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Vidéo : les nouvelles frontières de la prospective

Dans le cadre du Forum des futurs 2018 organisé par Futuribles, 4 interventions de  Bruno Hérault, chef du Centre d’études et de prospective du ministère français de l’Agriculture et de l’Alimentation ; Riel Miller, directeur du programme Littératie du futur à l’Unesco ; Daniel Kaplan, université de la Pluralité ; et Cécile Wendling, directrice de la prospective du groupe Axa.

 

Interview: Design, and mobilising and rejuvenating future imaginaries

For the Speculative Edu community and website, James Auger talks with Daniel Kaplan about the Plurality University initiative and design’s relation to future imaginaries.

« Dystopias are easily crafted (just push one characteristic of today’s world to an extreme), while utopias need to rethink a lot of things – meaning that probably, dystopias and utopias are not exact opposites… »

(…)

« Fiction helps to broaden the initial set of thinkable futures from which public debate or decision-making will start (imagine if the preparation for COP32 started with a much, much broader set of stories to pick from); it has the potential to “shift expectations” (I took that from an artist whose name I’ve forgotten), creating a different kind of public opinion pressure; it provides spaces for mental simulations of different alternatives, that allow for more complex thinking than, say, “models”, and that take subjectivity into account, allowing people to project themselves into it rather than thinking about it in abstract ways; it provides spaces for discussion where nobody can be said to “know” … »

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Interview : comment construire de nouveaux imaginaires et une vision stratégique ?

Entretien avec Corinne Moreau et Dominique Karadjian de l’agence Backstory, pour le site Imaginer demain, paru le 29 janvier 2019.

« J’ai lancé dans un premier temps Le projet Imaginizing The future, un néologisme qui veut dire « rendre imaginable » . Ce projet a pour vocation d’appuyer la production et la détection de travaux imaginaires sur le futur, dans un contexte  multiculturel international et surtout multidisciplinaire (prospective, sociologie des sciences et techniques, recherches sur l’innovation radicale, design, arts). Très vite, je m’aperçois que d’autres personnes en France et à l’étranger ont, heureusement, une idée relativement proche : des laboratoires, des auteurs de science-fiction qui imaginent d’autres pensables, des artistes… L’enjeu était donc que je ne rajoute pas ma voix seule à ce mouvement mais au contraire que j’accompagne la mise en place d’un réseau international pour que ces artistes et entrepreneurs venant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud puissent travailler ensemble et enrichir la prospective par une approche moins occidentale et cartésienne. J’avais conscience qu’ils ne seraient pas d’accord sur le futur qu’ils désirent. Mais l’idée est d’en faire une fonction plutôt qu’un problème : les réunir afin de créer cet espace permettant de faire émerger d’autres récits écrits avec leurs mots, leurs histoires et leurs propres conceptions du futur. (…) »$

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« Boulofictions » : 4 articles pour penser le futur du travail au temps des robots

« Au sein du projet collaboratif Work +, développé dans le cadre de l’Université de la Pluralité, Daniel Kaplan a mené une réflexion sur le futur du travail à l’heure de la cohabitation avec les robots. Un travail que l’auteur a souhaité partager avec les lecteurs d’Usbek & Rica en lui donnant la forme d’une série de 4 articles publiés sous le titre « Boulofictions ». »

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L’entreprise du futur est-elle une « entreprise » ?

Intervention du 14 février 2018 dans le cadre du séminaire sur l’entreprise du futur, organisé par Télécom École Management, IMT Atlantique et Mines Saint-Étienne dans le cadre du projet de recherche « Industry without borders ».

Synthèse :

Sommes-nous encore au début de la transformation numérique des entreprises, comme le laissent penser les discours sur l’intelligence artificielle, les plateformes, l’agilité et la « startupisation », l’économie collaborative, l’« industrie 4.0 »… ? Ou bien, au début de la période de désenchantement, qu’expriment l’inquiétude sur l’emploi face aux robots, la financiarisation, l’uberisation et la précarité, l’intrusion dans la vie privée, l’opacité des algorithmes (parfois pour leurs concepteurs eux-mêmes), ou encore l’irresponsabilité fiscale, sociale et écologique de nombreuses grandes entreprises ? Les deux, sans doute. Nous suggèrerons que, depuis des décennies, le numérique est à la fois l’outil et la source d’une transformation majeure : à savoir, la séparation fonctionnelle (et souvent organisationnelle) des composantes qui formaient ensemble ce qu’on désignait par entreprise – un dispositif de production et de commercialisation, un lieu et une communauté de travail, un espace de projets et d’innovation, etc. Il nous faudra probablement repenser en profondeur l’idée d’entreprise, voire forger de nouveaux mots.

 

L’économie circulaire, projet technologique ?

couverture-recueilContribution aux
3e Assises de l’économie circulaire,
27-28 juin 2017

Dans son roman 2312, Kim Stanley Robinson imagine que le chemin d’évolution de l’Humanité passe par l’occupation et la « terraformation », sous des formes très diverses, de la quasi-totalité des planètes du système solaire (ou de leurs lunes). Les déplacements sur de longues distances se font dans des astéroïdes creusés, mis en rotation pour y créer de la gravité et transformés en écosystèmes autonomes, chacun avec sa thématique : champêtre, aquatique, désertique, etc.

La technologie-clé dans ce monde est celle de la création d’écosystèmes, une forme d’« écologie synthétique » comme il existe aujourd’hui une biologie synthétique. Ces écosystèmes sont tous autonomes, ils ne cherchent pas à croître mais à ne dépendre d’aucun autre apport extérieur que la lumière du soleil. La croissance se réalise en occupant de nouveaux espaces.

Bien évidemment, cette option ne nous est pas aujourd’hui accessible, même si l’on sait que plusieurs entrepreneurs qui ont fait fortune dans le numérique ont tourné leur regard vers l’occupation humaine de la Lune et de Mars. Mais le roman de Robinson, dont on connaît l’engagement écologiste, nous invite à réfléchir sur la relation entre la technologie et l’écologie, notamment telle qu’elle s’exprime dans les récits de l’économie circulaire.

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