De qui l’identité numérique simplifie-t-elle la vie ?

Tribune parue dans Acteurs Publics, n° 150, mars-avril 2021

Depuis que l’informatique est devenue « le numérique », les deux ont à résoudre une contradiction : ils se présentent généralement comme un facteur de simplification du quotidien, alors qu’ils en accompagnent la complexification[1] continue – personnalisation, multiplication des choix et des canaux, innovation permanente, etc. Le chantier multiforme de l’identité numérique régalienne et sécurisée n’échappe pas à cette tension. Depuis au moins dix ans, les « solutions » se multiplient et se contredisent parfois, elles ne remplacent pour ainsi dire jamais l’existant mais s’y ajoutent, créant un écheveau que les utilisateurs auront la charge de démêler comme ils le pourront.

Les différents projets d’identité numérique régalienne ont un autre point commun : ils suscitent chaque fois toutes sortes d’études pour en explorer les usages[2]. Même s’il en ressort forcément des idées intéressantes, ces études suscitent tout de même une interrogation : au-delà de quelques usages évidents (la sécurisation des titres officiels, par exemple), l’identité numérique publique et sécurisée n’est-elle pas une réponse à la recherche de ses questions ? Certes, tout le monde préfère des démarches administratives (et autres) simples et sûres, mais avons-nous vraiment besoin d’un tel dispositif pour cela ? Vu de l’usager, quels problèmes un bon gestionnaire de mot de passe et des vraies démarches de simplification administrative ne pourraient-ils pas résoudre presque aussi bien ?

Simplifier la vie, mais de qui ?

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« Informatique, libertés, identités » (2010)

A l’issu du programme “Identités actives”, la Fing publie sous la signature de Daniel Kaplan l’ouvrage “Informatique, libertés, identités”couvinfolibertesindentites-isbn-978-2-916571-32-4

« La valeur de la vie privée, c’est de nous permettre d’avoir une vie publique ! »

Constatant le déséquilibre profond entre les énormes capacités de surveillance et de traçage des individus, par les autorités comme par les entreprises, d’une part, et le peu de pouvoir qu’ont les individus eux-mêmes sur leurs propres données d’autre part, l’ouvrage établit un second paradoxe : les individus tiennent à leur vie privée, mais aiment également échanger et projeter leurs propres valeur de soi, en ligne. Le parti pris de cet ouvrage est le suivant : protection et projection de soi forment un couple indissociable, et l’on n’assurera pas l’une sans faciliter la seconde. Associer protection et projection de soi, dans les pratiques, la technique, la législation, l’éducation : c’est la piste que cet ouvrage vous propose d’explorer.

« Nous devons penser l’identité numérique, non comme un village fortifié, mais comme une tête de pont, que l’on défend certes, mais qui sert d’abord à se projeter vers l’avant. »

> Présentation synthétique sur Internet Actu (avril 2010)