Tribune parue dans Acteurs Publics, n° 150, mars-avril 2021
Depuis que l’informatique est devenue « le numérique », les deux ont à résoudre une contradiction : ils se présentent généralement comme un facteur de simplification du quotidien, alors qu’ils en accompagnent la complexification[1] continue – personnalisation, multiplication des choix et des canaux, innovation permanente, etc. Le chantier multiforme de l’identité numérique régalienne et sécurisée n’échappe pas à cette tension. Depuis au moins dix ans, les « solutions » se multiplient et se contredisent parfois, elles ne remplacent pour ainsi dire jamais l’existant mais s’y ajoutent, créant un écheveau que les utilisateurs auront la charge de démêler comme ils le pourront.
Les différents projets d’identité numérique régalienne ont un autre point commun : ils suscitent chaque fois toutes sortes d’études pour en explorer les usages[2]. Même s’il en ressort forcément des idées intéressantes, ces études suscitent tout de même une interrogation : au-delà de quelques usages évidents (la sécurisation des titres officiels, par exemple), l’identité numérique publique et sécurisée n’est-elle pas une réponse à la recherche de ses questions ? Certes, tout le monde préfère des démarches administratives (et autres) simples et sûres, mais avons-nous vraiment besoin d’un tel dispositif pour cela ? Vu de l’usager, quels problèmes un bon gestionnaire de mot de passe et des vraies démarches de simplification administrative ne pourraient-ils pas résoudre presque aussi bien ?