Paru dans Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, dir. Lionel Simonot et Vincent Laganier, éd. Lightzoomlumiere, décembre 2021
À qui désespère de l’inaction écologique, le domaine de l’éclairage apporte une première bonne surprise : voici un secteur d’activité qui, non content d’avoir basculé vers une technologie très efficiente et à longue durée de vie (les LED), travaille aussi à faire moins : réduire, espacer, parfois interrompre l’éclairage – un peu pour économiser l’énergie, surtout pour mieux respecter les rythmes circadiens des humains et des autres êtres vivants.
Cela mérite d’être signalé. Cependant ce retrait (relatif) de l’éclairage n’est pas un retrait de l’éclairagiste. Autrement dit, l’artificialisation « perceptive », spatiale et temporelle, qu’opère l’éclairage, continue de progresser tout en se faisant plus intelligente, plus attentive, plus subtile. Mais si l’artificialisation elle-même est le problème, alors quoi ?
Voilà une question typique de prospectiviste. Un prospectiviste n’a pas pour fonction de prédire l’avenir, mais d’aider les acteurs à explorer des lieux imaginaires nommés « futurs » pour, au retour, ouvrir des possibilités, signaler des risques, suggérer des alternatives et des choix à faire dans le présent. C’est ce que nous essaierons de faire ici, à la lecture des articles qui composent ce recueil et dont émerge un premier constat : le sujet de l’éclairage offre une coupe très intéressante sur l’organisation du monde humain, les tensions qui le parcourent et les bifurcations qui se dessinent à l’horizon. Nous prolongerons ce constat autour de trois sujets : l’artificialisation et la (dis)continuité, le climat et les ressources, enfin les paradoxes de “l’intelligence”.
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