Le futur, combien de divisions ?

Article paru dans L’Atelier des Futurs, 7 avril 2023

Le point de départ des « ateliers d’atterrissage » d’un récent projet de prospective sur le futur de l’Entreprise était pour le moins radical : il s’agissait d’imaginer qu’en 2050, l’entreprise s’était transformée en l’une des 12 entreprises fictionnelles imaginées en amont dans le cadre du projet, avec l’aide d’écrivains et d’écrivaines de science-fiction. Les participant·es n’avaient même pas le choix : ainsi, telle grande société d’assurance était devenue une sorte de réseau d’Ephad qui mettait les personnes âgées au travail en orbite terrestre, telle banque se transformait en une sorte d’agence de projets de régénération environnementale…

Toutefois, après un moment d’hésitation, les participants et participants parvenaient à raconter l’histoire qui reliait leur présent à ce futur arbitraire et, chemin faisant, laissaient surgir des questions essentielles sur leur entreprise, des bifurcations entre lesquelles elle aura à choisir, des signaux faibles auxquels elle ne prêtait jusqu’alors que peu d’importance.

Cet exemple invite à réfléchir sur ce qu’est le futur. Les futurs proposés n’étaient pas forcément souhaitables, ni tellement probables, voire pas vraiment possibles, et pourtant ils s’avéraient féconds. Chaque groupe travaillait dans un futur assez différent de celui des autres, et pourtant ils avaient des choses à se dire, des pistes à partager.

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Vidéo : les nouvelles frontières de la prospective

Dans le cadre du Forum des futurs 2018 organisé par Futuribles, 4 interventions de  Bruno Hérault, chef du Centre d’études et de prospective du ministère français de l’Agriculture et de l’Alimentation ; Riel Miller, directeur du programme Littératie du futur à l’Unesco ; Daniel Kaplan, université de la Pluralité ; et Cécile Wendling, directrice de la prospective du groupe Axa.

 

Entreprendre en 2050 ?

imt_livreblanc_vf_webPostface au « Livre Blanc » de l’Institut Mines Télécom, « Entreprise du futur – Les enjeux de la transformation numérique » (ouvrage dirigé par Madeleine Besson)

 

Afin, comme on me l’a demandé, de considérer l’avenir de l’entreprise sous un angle un peu plus prospectif encore, il nous faut élargir la perspective au-delà de l’entreprise elle-même pour considérer le monde dans lequel elle évolue.

Pour répondre à une question du même ordre (« à quoi ressemblera l’entreprise de 2050[1] ? »), le prospectiviste Stowe Boyd fonde ses scénarios d’évolution sur les bifurcations possibles de trois tendances structurantes : la montée des inégalités et ses effets délétères sur le pacte social (mais pas forcément sur le financement de l’entrepreneuriat et l’innovation) ; le changement climatique et ses effets avancés (ainsi, peut-être, que les effets de stratégies ambitieuses destinées à le combattre) ; les développements de l’intelligence artificielle et de la robotique et ses effets sur l’emploi et le travail (qui dépendent cependant de la place que nous choisissons de leur laisser).

Les trois scénarios de Boyd méritent d’être lus et nous nous dispenserons de les résumer. Mais ils laissent affleurer quatre questionnements qui me semblent essentiels, et que la recherche ferait bien de s’approprier : sur l’avenir de l’entité « entreprise » elle-même, sur les apports contradictoires et ambigus du numérique, sur la persistance des conflits dans et autour de l’entreprise, et sur l’action d’entreprendre dans un monde fini.

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Transitions : les 7 leviers de la révolution numérique

Article paru dans Internet Actu le 29 avril 2015

Quand on évoque l’apport du numérique à nos sociétés, on dit souvent qu’il est une révolution en observant surtout certains de ses effets, particulièrement sa capacité a favoriser la collaboration… Pourtant, son rôle « capacitant » n’est qu’un des aspects de l’action du numérique, qui ne doit pas nous faire oublier les autres : sa capacité d’optimisation, sa capacité à « cognitiser » le monde comme le dit Kevin Kelly, à le rendre ouvert et transparent, à le rendre agile, à renforcer l’innovation…

Dans le cadre du travail de prospective sur les Transitions qu’elle vient de publier, la Fing distingue 7 leviers numériques qui, à des degrés divers, nous semblent aujourd’hui à l’oeuvre partout où le numérique remet en cause les ordres établis : optimal ; soft ; smart ; distribué / capacitant ; open ; disruptif ; agile.

Autant de moyens de mieux comprendre sur quoi agit le numérique. Ce qu’il transforme, ce qu’il remet en cause.

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Prospective : « L’oeuvre des promesses »

couv_cahiers_qn_2013_flipbookIntroduction de la publication prospective « Questions Numériques » de la Fing, édition 2013, sur le thème des « Promesses ».

Par Daniel Kaplan et Jacques-François Marchandise.

Publiée dans Internet Actu le 21 février 2013.

> L’article intégral

Depuis qu’il se propose au monde comme support de la « troisième révolution industrielle », le monde du numérique n’est pas avare de promesses. A un moment ou à un autre, ses gourous, ses industriels, les institutions, ont annoncé la fin des crises et celle du travail, la paix sociale et mondiale grâce au miracle de l’échange et de la compréhension réciproque entre les hommes, une démocratie revitalisée, l’accès des pays les moins avancés au développement, l’avènement d’une conscience mondiale face aux défis environnementaux…

… Mais avant de lever les yeux au ciel devant tant de naïveté, demandons-nous d’où viennent ces promesses, qui les entend, ce qu’elles produisent – et admettons que, ce faisant, nous nous tendons aussi à nous-même un miroir.