Historically, competition between states has promoted a degree of development in terms of technical progress. It has also been the source of intense antagonism, which in the 20th century plunged Europe into the chaos of the World Wars. The European Union was therefore built more on a desire for peace than on a sense of community.
Now more than ever, this promise of peace represents a foundation of the European framework. However, is this promise the only future narrative we can offer to the citizens of Europe? What is our dream for Europe? Must we abandon the ideal of European unity in order to imagine other possibilities? What do we desire for the future of this Europe? What shared imagination do Europeans want to work towards so as to envisage a desirable future? Meanwhile, on an international scale, major and competing transnational narratives are now at play: between the “American dream” and “Chinese miracle”, how can Europe develop its own great narrative, one true to its values?
« Pour espérer préparer le fameux “monde de demain”, il faut d’abord l’imaginer. C’est ce que pense le prospectiviste Daniel Kaplan qui, dans cet épisode, nous parle de la nécessité de passer par l’imaginaire pour pouvoir mieux anticiper et construire notre avenir. Un travail d’imagination comme le font les auteur.es de science-fiction comme Catherine Dufour, qui nous raconte à son tour comment elle pense le futur à travers ses histoires. Ensemble, ils nous donnent les clés pour composer de nouveaux récits qui laissent la place à des lendemains désirables. »
Il arrive que des intellectuels, des hommes politiques, après avoir longtemps expérimenté sur le terrain et accompagné les processus d’innovation, finissent par faire un même constat : la transformation de nos modèles de société dépendrait moins d’un sursaut technologique ou décisionnel que d’un travail volontaire et plus affirmé sur nos imaginaires.
Aux côtés de Rob Hopkins, dont les thèses ont été à plusieurs reprises abordées dans ce numéro, c’est le cas de Daniel Kaplan, co-fondateur de la Fondation Internet nouvelle génération (FING) au début des années 2000 et de l’Université de la pluralité en 2019, dédiée à cet enjeu. Nous avons ainsi souhaité conclure ce numéro par ce grand entretien à propos de l’enjeu à la fois critique et déterminant du développement de nouveaux imaginaires pour les générations actuelles et au sein même de l’action publique.
Contribution (écrite et vidéo) à l’exposition « Sens Fiction », présentée lors de la manifestation Lille Capitale Européenne du Design, 2020.
« Le design peut sans difficulté produire des imaginaires désirables qui n’engendrentrien de désirable. Pour aller au-delà, il a besoin d’une nouvelle éthique, elle-même inscrite dans une vision politique. Il s’agit de prendre conscience des responsabilités qui accompagnent la puissance de cette pratique, mais pas seulement, parceque tout le monde aujourd’hui se dit responsable. Il s’agit de questionner les fins, de coproduire (en situation et avec les parties prenantes) d’autres fins, tout en maîtrisant le chemin pour éviter l’éternelle récupération marchande, et tout en laissantle champ ouvert aux appropriations et réutilisations. Il s’agit de se libérer des commanditaires sans pour autant travailler hors sol. »
« Daniel Kaplan fait comme beaucoup le constat que nous sommes collectivement démunis face à la nature et à l’ampleur des transitions à venir, notamment celles que les transformations écologiques et les défis écologiques nous promettent. Pour trouver des solutions, il nous faudrait avant tout faire appel à l’imagination, à notre capacité à inventer des histoires, comme nous l’avons toujours fait pour appréhender le réel et nous projeter dans l’avenir.
D’autres futurs sont possibles, à condition que l’on se donne d’abord la peine de les imaginer… »
« En juin 2018 s’est tenu le premier débat public et participatif autour de l’éthique de l’exploration spatiale, organisé par Space’ibles, l’observatoire de prospective spatiale du CNES (Centre national d’études spatiales). Futuribles s’est associé à l’exercice en alimentant la réflexion au moyen de courtes fictions présentant divers scénarios d’évolutions possibles dans le domaine spatial, n’ayant pas tous les mêmes conséquences sur le plan éthique. Daniel Kaplan, qui a menéa cet exercice, présente ici les différentes fictions proposées : « Mars à tout prix » ; « Les gardiens de l’espace » ; « Les Terriens d’abord » ; « L’embarcadère de l’arche spatiale ». Il montre également l’intérêt du recours à la fiction pour alimenter les débats relatifs à l’éthique de la conquête et de l’exploration spatiales. Enfin, il présente les premiers résultats de ce débat participatif et les suites qui pourraient en découler. »
A l’occasion de la sortie de « L’agenda pour un futur numérique et écologique », la Fing propose de changer de regard sur la place actuelle du numérique. Par Daniel Kaplan et Renaud Francou.
« La rencontre entre numérique et écologie est a priori difficile. L’écologie, construite en partie sur une critique de la croissance, se méfie des promesses d’innovations techniques. Elle met l’accent sur les impacts écologiques du numérique lui-même, tout en le considérant, pas tout à fait à tort, comme le symbole et l’outil de l’accélération des rythmes (de vie, d’innovation, d’obsolescence, etc.) et la mondialisation des flux (de matière, d’énergie, de déchets, etc.). De leur côté, les acteurs du numérique ont une perception d’eux-mêmes marquée par l’immatérialité et l’efficience, qui les amène parfois à se considérer écologiques par nature. Portés par une dynamique d’innovation permanente, ils voient d’abord les opportunités, et plus tard les risques.
L’agenda pour un futur numérique et écologique
« Si vus de haut, numérique et écologie demeurent encore trop éloignés, sur le terrain, le lien entre les deux s’enrichit : collectifs de citoyens-capteurs de la pollution de l’air ; passionnés de la faune et de la flore qui produisent et partagent des données sur la pollution de l’air ou les mouvements migratoires d’animaux ; initiatives fondées sur la culture open source pour fabriquer à plusieurs mains des machines agricoles, des véhicules propres ou des habitats auto-suffisants ; concepteurs de plateformes de partage ou d’échange d’objets, de véhicules ou de maisons, initiatives d’économie circulaire, réseaux alternatifs de production-distribution d’énergie ou alimentaire…
« En 2015, la Fing et un grand nombre d’acteurs (parmi lesquels l’ADEME, l’Iddri, Inria, GreenIT.fr, le Conseil National du Numérique, la communauté Explor’ables), lançaient cette provocation, qui allait donner naissance à la dynamique Transitions : « La transition écologique est l’horizon indispensable de nos sociétés, la transition numérique la grande force transformatrice de notre époque. La première connaît sa destination mais peine à dessiner son chemin ; la seconde est notre quotidien, une force permanente de changement mais qui ne poursuit pas d’objectif collectif particulier. L’une a le but, l’autre le chemin : chacune des deux transitions a besoin de l’autre ! Et pourtant leurs acteurs évoluent trop souvent dans des sphères séparées, sans réaliser la puissance transformatrice qu’aurait leur convergence. (…) »